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Affichage des articles du novembre, 2021
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 Il était une fois un Grand n’Importe Quoi. Il régnait sur un monde sens dessus dessous. Les êtres sans raison vivaient sans trop savoir ni comment ni pourquoi. Les petits naissaient dans l’indifférence générale.On tâtonnait, on naviguait à vue sans boussole, sans compas, des objets interdits et sensés ne pas être connus. On se croisait à peine, sans se saluer, sans un regard. Un peuple hagard et soumis sans trop savoir à qui, à quoi. Les vieux se cachaient, les jeunes ne connaissaient même pas le sens du verbe « oser » .  Bien sûr les rumeurs circulaient, des contes à dormir debout, sur un passé fantasmé. Autrefois, parait-il, il y avait des familles, des écoles, des crèches et encore bien des choses. L’armée silencieuse et décérébrée restait impassible, mais le doute s’insinuait. Sous le manteau, des publications évoquaient des jours fériés, des anniversaires, des fêtes des mères, des pères, des grands-mères, et plein d’autres fantaisies, de foutaises. Un cercle séditieux, qui prenai

C'est où la gare?

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Pardonnez-moi Monsieur, pourriez-vous m’indiquer où se trouve la gare ? Quelle gare ? Il y en a plusieurs ? Ben oui, ça dépend où vous aller. Eh bien ma foi, je n’en ai pas idée. Alors je ne peux guère vous aider hélas. Pourriez-vous m’aiguiller ? Si vous allez au Nord, il y a la gare du Nord. Sur l’Atlantique, la gare de l’Ouest. Si vous cherchez le soleil et le grand luxe, il y a la gare du Sud, mais faut avoir les moyens. Pour les petits budgets, il y a bien la gare de l’Est. La Croatie a la cote, conseil gratuit. Vous en savez des choses, mais j’avoue ne pas savoir quoi choisir. Vous avez les moyens ? Euh … oui. Alors allez au Sud. Va pour le Sud, je vous fais confiance. Et pourquoi donc, vous ne me connaissez pas. Vu ce que j’ai vécu, il y a peu de chance qu’il y ait pire. Je vois, je ne sais pas trop comment je dois le prendre. C’est vrai, je suis bien maladroite et complètement paumée. Pardon de vous ennuyer avec mes confidences. Vous avez bien raison, je ne vous connais pas, et

Bon, papy, mamie, moi j'ai faim!

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Daaaallaaas, ton univers impitoyaaaaaaa … ableu. Mamie t’en as pas marre des ces bêtises ? Écoute ton p’tit fils, c’est la voix de la sagesse. Bon les hommes, allez donc faire un tour. Après j’enchaîne avec les feux d’l’amour. Allez viens donc p’tit gars, sortons de ce cloaque. Si avec tout ça elle perd pas la tête. L’écoute donc pas, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Ouais, mettons que t’aies raison, si j’essaie d’avoir le dernier mot, le soleil sera couché. Mon p’tit, comme tu la vois, elle serait même capable de la ram’ner pendant son sommeil. Allez dehors, c’est un passage important. Tu parles ! Je suis sûr que tu connais les répliques par cœur. Tu m’diras, y a pas grand-chose à ret’nir : « Pamela je te quittes. - Enfin, c’est pas trop tôt. » . Moque-toi donc,c’est toujours mieux que les magazines que tu planques derrière ton établi. J’dis rien d’plus vu qu’y a l’gosse mais viens donc pas me donner des l’çons. Çà c’est sur qu’y a du texte : « Oh ouiiiii, oh ouiiii ! » .  B

Des chiens, des chats.

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Les chats se donnent en apparence. Ils ronronnent à l’envi et s’en vont quand ça les chante. Les chiens bavent et se prosternent. Les chats les voient comme des serpillières, ces andouilles vont chercher la baballe jusqu’à ce que le maître se lasse. On peut toujours appeler un chat (un chat!) ou lui donner des ordres, il viendra s’il le veut et ne se pliera à rien du tout. Les chiens feraient n’importe quoi pour avoir les restes. Les chats regardent leurs mets de roi, on croirait presque qu’ils font la fine bouche (ou gueule). Le chien se vautre et tire la langue, le chat fait des sauts raffinés comme les grands fauves en miniature qu’ils sont. La patte et soyeuse, mais les griffes sont toujours prêtes. On dit comme une boutade que la France est divisée en deux, chien ou chat, Bébel ou Delon. Quelques chiens débiles iront bouffer leur maître, ou leur maîtresse, ou le bébé parfois. Les chats ne s’attaquent qu’au souris, même s’il faut bien reconnaître qu’ils vont les torturer longtemps

Vade Retro.

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 Belle avez-vous la foi ? Ma foi, je n’ai pas ça dans mes poches. Vous avez tort ! Si vous l’dites. N’êtes-vous point tentée par le péché ? Tout l’temps. Ah bon, mais ça c’est grave. Vous serez damnée. Oui mais ça c’est pour plus tard. J’ai des choses à faire en attendant. Femme de peu de foi. C’est vrai, mais nul n’est parfait. Doutez-vous parfois ? Oui, je ne suis pas toujours sûre des chaussures à porter avec la robe. Vous vous moquez ? Évidemment. Bon, si c’est une technique de drague, pardonnez-moi mais c’est un peu lourd. La tache se répand insidieusement, vous allez souffrir. êtes-vous échappé de quelque asile? Voilà bien le déni ! Madame, désolé d’intervenir, est-ce que ce monsieur vous importune ? Pas le moins du monde, je vous remercie de votre sollicitude, il me fait voyager dans le temps, d’où mon trouble apparent. Merci de m’avoir sorti des griffes de ce démon musclé, mais cela ne changera en rien mon propos. Vous êtes un genre de pasteur, ou de curé peut-être. Pas du tout

Jour gris.

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Le journal du matin, on regarde d’abord toutes les pages pour le plaisir. Même si, au fond, rien n’a changé, on croit encore aux matins tout neufs. On croit toujours ce que l’on veut, et c’est heureux. La rosée mouille un peu les pages, mais ça fait rien, c’est au jardin qu’il faut le lire. La une sur le Président, il a un beau costume, ça m’étonnerait qu’il fasse mieux que les précédents, mais on s’habitue. Voyons le temps, ouais, pas terrible. Je passe la rubrique « faits divers », c’est pas trop mon truc. La chronique sport me gonfle. La culture c’est pas ça, on confond culture et divertissement à cause d’un Ministre branché que je ne nommerai pas. Quoi d’autre ? Les mots croisés, la Bourse, les pipeuls, les recettes ? Bon les pages sont trempées et, en fait, ça m’arrange. Autant prendre un bon bouquin ou bricoler un peu. Je vais sans doute résilier l’abonnement. Ce qui se passe dans le monde ou chez le voisin m’intéresse peu à vrai dire. Je devrais sans doute me passionner pour une

Le temps s'écoule, et voilà tout.

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La barque glisse lentement, sans faire de bruit. Le pécheur encore endormi mouille à peine le bout des rames. On voit quelques poissons plonger sans conséquence. Les racines entrelacées sur la rive et dans l’eau font penser à des gravures au dessin compliqué. Les petites feuilles suspendues et trempées de rosée picotent un peu les joues. Il faut parfois ouvrir les rideaux de verdure. La brume s’est installée, pour quelque temps encore, sur le lit argenté. Les champs sont tout trempés et les brins d’herbe grelottent. Au loin l’église, le hameau tout autour et les maisons perchées entre les cimes. Le pécheur s’étire, là ce sera très bien, la barque frotte doucement les racines. Le silence est rompu un instant quand la chaîne déroule ses spires. La barque est prisonnière pour quelques heures seulement. Il fait déjà un peu plus chaud, les premiers rayons déposent sur le gris quelques couleurs. La brume a rejoint le ciel, chacun son heure. Là-bas les volets s’ouvrent, on a sorti les grands

Papa, c'est ça mon héritage?

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C’est la fuite en avant et c’est sans fin.  Nos petites querelles ou nos petits soucis ne pèsent pas très lourd. On voit se répéter les mêmes inepties au fil des siècles. Pour apprendre à détruire, il suffit de lire le bottin de l’histoire du monde. Les noms et les adresses changent mais c’est toujours les mêmes produits qu’on nous propose. Mesdames, messieurs, c’est nouveau et en série limitée. A votre place j’éviterais de réfléchir. Bien sûr on peut se dire que le même cycle se répète. On atteint le paroxysme de la connerie, on se raisonne et on rétablit l’équilibre. Un jour les cycles prendront fin. On a prévu pour ça de s’installer sur la lune ou sur Mars, qui sait, peut-être au-delà avec le progrès exponentiel. On étale les tas de riz sur l’échiquier, comme dans cette vieille histoire, on se retrouve avec des milliards de combinaisons. Reste à choisir la bonne ! Si on colonise les planètes, après avoir épuisé la nôtre, 3 questions se posent alors. Sera-t’on prêt avant l’apocalypse
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 Les Quatre Vents ont fait salon. Le soleil n’a pas été invité.  La lune a décliné poliment,  « désolé, je suis prise » . Les deux pôles ont prétexté qu’ils étaient bien trop loin. On a fermé les portes pour éviter les courants d’air. La pluie s’est assise loin de la cheminée, roulée en bulle concentrée. Le tonnerre a décidé de rester calme. Les éclairs sous la veste, il se contente de prendre la température. La mer a envoyé une délégation pas vraiment à la hauteur. Enfin, on ne contredit pas la mer. Quelques volcans ont fait le voyage, las de sommeiller, si on peut dire. Beaucoup de fleuves et de rivières ont fait de même et quitté leur lit. Les lacs, les étangs et autres rigoles n’ont pas reçu de carte d’invitation. On ne mélange pas les serviettes et les torchons. Beaucoup de monde en fait, le programme des festivités et surtout les menus ont fait la différence. Dans toute réunion, les jeux sont faits d’avance, c’est bien connu. L’important n’est-il pas de se réunir ? Chacun, gonflé

On s'enfonce Monseigneur.

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 On s’enfonce Monseigneur, on s’enfonce. Allons bon, n’avez vous pas autre chose à dire, et surtout à faire ? Rien n’est jamais perdu. Je compte sur vous pour le faire savoir. Mais enfin Monseigneur, la récolte est mauvaise, comme c’est le cas hélas depuis des années. Les journaliers désœuvrés rejoignent les bandes pour piller nos villages. On a plus de quoi nourrir nos bêtes et, pardon, j’aurais dû commencer par là, nos gens. Les métayers sont faméliques et je ne parle pas de leurs enfants pour ne pas trop en dire, enfin si c’est bien triste, les avez-vous vus ? Que me racontez-vous là. Suis-je le Bon Dieu ? Si les récoltes sont mauvaises c’est quand même de sa faute. Vous blasphémez Monseigneur. Vos pairs ont su se diversifier. Comment osez-vous ? Restez donc à votre place. Toutes ces choses sont bien trop complexes, vous n’êtes qu’un paysan ! C’est à moi que vous devez d’être un peu mieux loti. Ne l’oubliez pas et tenez votre langue. Si je me tais Monseigneur, personne ne prendra le

Sylphide.

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Elle posa l'objet sur le lit. L'objet transperça le matelas, le sommier, le plancher et le locataire du dessous. Comme par hasard, il était couché là, dans la ligne verticale d'une destinée imbécile. L'objet s'arrêta net dans le sang et les plumes. Il restait suspendu au quinzième étage, le cadavre éventré ne serait pas opérationnel très longtemps. Son propriétaire, un raté notoire, avait enfin connu son heure de gloire. On coula un moule de béton tout frais et bien armé autour de l'objet. Deux hélicoptères tout neufs assureraient le transport. Le maire avait bien fait les choses. On avait même convoqué un Secrétaire d'Etat pour l'occasion. Le Ministère de l'Intérieur, comme les autres d'ailleurs, avait décliné l'invitation par prudence. L'objet sphérique, en porc-épic, projetait des rayons pas très catholiques à travers le béton. Tout en bas, la panique fut filmée copieusement. La croûte terrestre éventrée devait clôturer le reportage du

Drôle de poisson!

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Drôle de poisson, c’est pas très catholique. Par mes écailles, et qu’est-ce que tu connais dans ce domaine ? Que dalle, c’est une expression, j’ai l’droit de m’exprimer quand même ? Bon courage à celui qui tenterait de t’en empêcher. Ouais… En tout cas je me demande bien ce qu’elle fait là. Ben, elle nage. A cette profondeur et sans masque et bouteille ? T’as raison, c’est pas très orthodoxe. Euh, Mademoiselle … On ne dit plus Mademoiselle, vous ne lisez donc pas les journaux ? Et bien ça dépend des années. Prosternez-vous devant votre Reine, vous faites une belle paire ! Notre Reine Made ...dame ? Etes-vous descendante de Neptune ? J’en ai châtié pour moins que cela ! La colère vous rend aussi belle, avec le charme en plus. Bon, vous êtes graciés. Votre Grâce est trop bonne. Je suis lasse de ces discours et de ces titres ridicules, c’est pourquoi je suis bien loin de la cour, mais vous ne pourriez pas comprendre. Nous ne demandons qu’à être instruits, considérez-nous comme vos chevali

Gargouilles.

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Blafarde tortueuse et béante Elle passe lunaire Blanche caresse aux plumes de plomb Stridente mélodie Sarcastique couleuvre Silhouette mauve que je sculpte Dans l'ombre marine Mille écailles aux tabliers des soubrettes Plastrons multicolores nacrés métalliques Sur l'ardoise bleutée Les yeux du chat embués malicieux Se moquent du ressac                            Et le marbre se fend Et le sabre impassible Pénètre la chair tendre et chaude Des courants salés Chute vertigineuse des écailles filantes Mystérieuse incandescence Elle passe encore Et je ne sais pourquoi les remords coquillages Sont rivés au rivage Les embruns se signent et remontent la nef Les gorgones ruissellent et le parvis s'inonde Que les pavés se rassurent Ce soir les flots s'épanchent Dans les lueurs efféminées    

J'attends la prochaine marée.

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Mademoiselle aux cheveux soleil je t'écris du bord de la mer Dans le café du Paradis piège à cons du touriste aigri Un vieux mégot dans un rêve de suie cendrier coquillage plein à craquer d'étoiles Une guitare aux arpèges gris un lézard vert au bord de la mer va s'étendre sur le sable Un p'tit violon dans l'cœur qui sonne comme une crécelle Un serpent de lune enroule ses spires dans le vent des dunes Le cauchemar s'étire sur la plage obscurcie Entre deux horizons Entre deux âges J'attends la prochaine marée  

Alors, c'est oui? - Faut voir.

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 Alors, c’est oui ? Faut voir. Ben, c’est pas une réponse ça. Tu préfères que je dise non ? Euh, non. Alors voilà, sois patient. Enfin on est ensemble depuis 8 ans. Et alors, j’vois pas l’rapport. Ben moi si, un peu quand même. Et pourquoi veux-tu que l’on se marie, enfin pour qui, serait la bonne question. Pour sceller notre union. Pour te rassurer, toi et ta famille, regarde les statistiques ! Tu me parles des statistiques et moi je te parle d’amour. C’est un argument, ou un chantage, qui ne tient pas la route. L’amour c’est ce que l’on ressent l’un pour l’autre. Aucun contrat n’y changera quoi que ce soit. L’effet est souvent inverse à vrai dire. Ce qui compte aussi, ce sont tous les projets qu’on fera ensemble pour garder la flamme allumée. Les petites querelles mesquines du quotidien ne changeront rien non plus.Si tu as peur que je te quitte, dis-toi que j’en pense autant. Alors on ne change rien. Tout au contraire si tu m’as bien suivie. On est pas obligé devant notaire, maire ou
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Veuillez stopper le moteur. Oui Monsieur, euh … l’agent. Vous savez pourquoi on vous a arrêté ? Pas la moindre idée. Allez, cherchez un peu. Là, c’est le noir complet. Papiers du véhicule ! Tout de suite … Voilà ! Aucun point retiré, ça c’est un bon point. Oui, et je conduis depuis plus de 40 ans. Bon, mais vous avez dépassé de plus de 20 km/heure la limite autorisée. J’ai dû être distrait, c’était quoi la limite ? Celle qu’il ne fallait pas dépasser. Merci pour cet avis éclairé. J’ai dû rater le panneau.  Nul n’est sensé … Ne pas voir les panneaux, vous avez bien raison. Inutile de me prendre pour … enfin vous savez quoi, je connais par cœur toutes les astuces. Je vois que vos pneus sont lisses. Si vous l’dites, enfin moi je n’y connais pas grand-chose. Veuillez actionner les phares, les clignotants et les essuie-glaces. Bien mon … Monsieur l’agent. Le phare avant droit est HS. Je vais derrière, appuyer sur le feu stop. Très bien mon … Le feu stop ne marche pas, et aucun essuie glace 
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 Pour faire valoir un bagage, il importe avant tout d’en avoir un. Pas de simples fiches de synthèse dans les poches. A défaut d’avoir réussi aux grands concours, on réutilise les techniques pour épater les gens. On peut parfois briller dans les soirées, mais la plupart attendent la musique pour s’amuser enfin. On écoutera le guitariste virtuose presque religieusement, mais celui qui prendra la guitare pour faire chanter tout le monde aura fait de la soirée une réussite. C’est un propos connu, flattez le peuple il vous le rendra. Réfléchissez un peu, le peuple est aussi orgueilleux que l’élite. « Le peuple », « l’élite », voilà bien des propos contre lesquels je me bats. Vous vous battez à tort, à moins d’être un adepte des causes perdues. Et vous pensez bien sûr faire partie de l’élite. Je ne le pense pas, c’est un constat. Il me prend l’envie de fouiller vos poches. Faites donc, vous n’y trouverez rien. Vos prétentions et votre mépris vous trahissent, vous êtes de ceux qui haïssent l
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Fait trop chaud et y a des moustiques. Ça brûle dedans et ça brûle dehors. S’il neigeait , je trouverais encore à redire, fait trop froid etc. Autant baigner dans les limbes ou ne rien ressentir du tout. Peinard mais inconscient, aucun intérêt. Tant qu’on râle y a de l’espoir. Au moins je suis vivant, de petites égratignures pour la forme.  Le temps est moyen, mais ça s’accorde avec le reste, on peut aller en orbite, sur la lune ou sur Mars, mais on a toujours pas réglé l’essentiel. Encore faudrait-il savoir ce qui est essentiel. Il y a trop de brouillage sur la ligne. Partout on vous dira ce qu’il faut faire pour vivre bien, ou vivre tout court.  La société policée ressemble à une pelouse. Bon les gars c’est parti, au cordeau ! Des allées toutes droites, tolérance zéro. Êtes-vous un bon citoyen ? Ben, je sais pas trop, faut faire quoi ? Ça brûle encore, pourtant c’est pas les feux de l’enfer. C’est peut-être le début de la fin, je vais bientôt rejoindre la lumière ou les asticots. J’a

Couvée galactique.

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 L’alignement des planètes n’est pas parfait. Eh bien me voilà rassuré, c’est comme ici-bas Moi, Monsieur, je suis un scientifique, j’expérimente et je positive. Je hais les propos oiseux et défaitistes. Vous en avez de la chance. En somme, vous ne doutez de rien ? Vous n’y connaissez rien, c’est justement le doute qui nous fait avancer. Expliquez-moi donc. Et pourquoi, j’ai des choses bien plus importantes à faire. Si vous en avez les moyens, payez donc un précepteur. Je n’ai plus l’âge. Ce n’est pas une question d’âge, j’en ai bien peur. Quel mépris ! Il en faut dans mon milieu, pour rabattre quelques caquets. Je ne suis pas de votre milieu. Là, pas de place au doute, aucun secret à percer. Vous m’agacez. Je pourrais en dire autant, vous êtes ici chez moi, sans y être invité. Et vous me faites perdre mon temps. Laissez donc les spécialistes et allez à la taverne. Nous ne sommes qu’une poignée, et vous êtes légion. Les élus quoi. L’ironie cache souvent l’amertume et la jalousie. Vous

Connaissance.

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 Bonjour ! Excusez-moi, je manque à mes devoirs. Mais trop de solitude, de soupirs, d’égarements, m’ont fait haïr le temps, et les autres, et moi-même. Je m’excuse encore. D’ailleurs, je ne fais que cela, m’excuser d’être ici ou ailleurs au lieu d’être là-bas. Craindre les jalousies, jouer de modestie, feindre l’humilité pour ne pas blesser l’autre. Certains sont reposés, nonchalants. Sans effort ils déploient leur aura, astre éblouissant. Ceux-là ne s’excusent jamais. Les mains dans les poches face aux mains qui se crispent, des gestes mesurés contre ces gesticulations maladroites, les mots qui font mouche contre ceux qui s’éparpillent, qui font moche. - Il n’y a pas d’offense. Moi j’ai les poches trop pleines pour y mettre les mains. Je n’ai pas encore atteint la sagesse suprême où les poches sont vides et où l’on se sent bien. Je ne crois pas non plus que ceux que vous décrivez, vous enviez semble-t’il, aient les mots justes pour décrisper les mains, ne plus s’excuser d’exister en s

Réussir un tableau.

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Mon parrain m’avait déposé pour la journée dans un champ de maïs. A l’horizon, il y avait les hauteurs de Saint Mont et, tout autour, des maïs et des vignes à perte de vue. J’avais une toile immense et rectangulaire et mes couleurs à l’huile. Je me prenais pour Van Gogh, j’étais tout seul en pleine chaleur et pourtant la journée a passé très très vite. J’étais presque en transe et je travaillais par petites touches à la Monet. Bon, le résultat n’avait rien à voir avec un tableau de Van Gogh ou de Monet, mais j’étais vraiment fier quand mon parrain a accroché le tableau dans l’entrée à Pujo. A l’époque, je ne maîtrisais pas vraiment l’huile, je m’en servais comme de la gouache. Beaucoup plus tard j’ai appris à faire dans l’épaisseur ou les aplats, au pinceau et au couteau, et ne pas copier le réel dans le choix des couleurs, à la Gauguin.  Les arbres devenaient bleus, avec des rehauts de rouge ou d’orange. J’ai enrichi la gamme de couleurs car la superposition des couleurs sorties du tu

Bien mon fils, vous pouvez réciter les tables de multiplication, à l'endroit et à l'envers.

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 Seigneur, j’ai péché et je ne regrette rien. J’avalerai l’hostie de travers pour mourir étouffé, elle remonte à loin ma dernière communion, j’étais gosse et influençable, vous comprenez de quoi je parle Monsieur le curé. Je n’ai plus mis les pieds dans une église, sauf en touriste à l’étranger. La rédemption dites-vous ? Et de quoi ? Cette culpabilisation, comme une plaie béante, qui m’a empêché de vivre sereinement, la rédemption dites-vous ? On est plus au Moyen-Age, les bandes dessinées sur fresques ou vitraux ou autres. Savoir lire d’abord et surtout savoir penser ensuite. Ça emmerde pas mal de gens, surtout ceux de votre espèce. Quand je pense que l’obscurantisme perdure au XXIème siècle ! Vous pouvez bien sourire à moitié, à défaut de savoir le faire complètement. L’Inquisition n’est plus, et c’est tant mieux. La Shoah c’est bien pire, mais le bûcher et les tortures en ont fait les prémices, comme bien d’autres choses hélas. Aujourd’hui, tous ces immeubles éventrés, criblés de b

Août 21, été pluvieux.

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 C’est pluvieux et je me réfugie sous 2 parasols. Un petite forteresse de toile pour un assaut humide et sans conséquence. Mais enfin, depuis un mois et demi c’est le déluge.  Pas moyen de lire tranquille. Le jardin ne risque pas d’être sec cette année, il est flamboyant mais on ne peut pas en profiter.  Les mimosas sont charnus, pas une pointe de rouille, La beauté des roses frisent l’insolence, comme les lèvres d’une adolescente ou les fraises, les cerises, les framboises, les mûres, le cassis, et tant d’autres perles sauvages, qu’on a pu connaître autrefois et dont on essaie de se souvenir. C’est le grand paradoxe, là où il pleut, l’herbe est plus verte, où la chaleur est pesante, tout est sec et délavé. On est jamais vraiment au paradis, il faut s’y faire. Tant qu’il pleuvote je fais avec. Si les pages ne sont pas trempées je continue. A chacun ses aventures. D’autres s’adonnent à la nage en eau vive, s’ils me voyaient, ils pourraient rigoler, et je pourrais difficilement leur en v

Noël c'est plus ça!

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 Ma grande sœur m’amenait toujours dans des lieux dont je garde encore aujourd’hui des images et des sensations. Une fois, j’étais allé au cinéma pour la première fois, les personnages étaient gigantesques à l’écran, j’avais l’impression d’être dans un autre monde. Je suivais vaguement l’histoire, mais je trouvais les visages en gros plan et les décors effrayants. Là c’était Gulliver chez les géants. La salle de théâtre avec un lustre gigantesque et plusieurs étages de loges ultra chics et pleines de lumières. Les spectateurs étaient tous en costumes d’apparat, entre nœuds papillons, gilets brodés comme dans les péplums, fourrures et bijoux. En voyant le rideau immense et la scène, j’ai pensé à mon petit théâtre de marionnettes. On est peu de choses. Mais je n’allais pas me laisser abattre, je l’avais fait tout seul, avec les moyens du bord. Tout en haut, j’ai été tétanisé par la vue panoramique sur cette boite à musique pour géants. Je reviens sur toutes les messes de minuit. Jusqu’à

Vous avez votre pass sanitaire?

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 Vous pouvez me montrer votre QR code ? Ça par exemple, espèce de malotru ! Madame, il y a malentendu, je vais l’exprimer autrement, avez-vous votre pass sanitaire avec le carré plein de runes ou de hiéroglyphes. C’est ça, dites que je suis la reine des quiches !  Non point Madame, si le patron écope d’une amende et d’un an de prison, en théorie évidemment, moi je perds mon boulot. Mon pauvre, je ne voudrais pas vous infliger ce sort. Alors montrez-moi votre QR code. OK ! Chéri tu dégaines ton portable pour le jeune homme. Plus de batterie, désolé. Bon, Madame, Monsieur, désolé aussi mais je ne peux pas vous servir. T’entends ça, on est en France et on ne peut pas boire un café ! Ma chérie, c’est le règlement. Appelez-moi le patron, on est pas en Turquie. Madame, Monsieur, un problème ? Et comment, votre jeune serveur refuse de nous servir. Avez-vous montré votre QR code ? La batterie est HS. Pas d’exemplaire imprimé ? Pourquoi faire, on est dématérialisé que je sache. Pardonnez-moi ce

Constellation du chat.

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Transportées par les éclats du dernier météorite Les étoiles éteintes se perdent dans une nébuleuse nostalgique La trace de leurs derniers sanglots S'épanche dans une traînée blanche Que la queue des comètes chasse nonchalamment Comme des yeux de chat Voués à l'incertitude  D'une armée de gouttières Sur le toit des planètes Caressante dans la fluorescence interstellaire Des coups de langue dans la voie lactée     

Du bourdon dans les ravines.

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 A force de regarder, au coin des rues, des allées, des azalées, des glycines, du bourdon dans les ravines. L'abîme de nos rancœurs que rien ne saurait éteindre. Tout au fond des lits des torrents, aux grands rochers qui sommeillent. Le cimeterre justicier ne reviendra plus. Et ces rêves sommaires qui hantent nos sommiers. La vipère se faufile et trace comme faucille un chemin dans le sable. La vie perd son histoire. Sur nos pianos désaccordés, manque le do, manque le ré. Plus de début de symphonie, plus de fin, manque le si. Courbe le dos, ne réagis plus, deviens docile. "Ah, si j'avais ...", "Ah, si j'étais ..." n'existent plus. Plus de projets, seulement des habitudes, désarmés, taciturnes, lassitude tacite. Sous la même latitude, sans prendre d'altitude, on se laisse chavirer. Le soir commence au matin. Prendre le train et travailler, s'endormir, ne plus rêver. Le soleil rouge de l'aube se confond avec l'aurore.
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 C’est un passage amer, comme un serpent tout droit. Un bras de mer avec la gueule au bout. Il glisse entre deux falaises et les marins ont peur. Comme dans les canyons, au temps des apaches, la mort est toute proche mais on ne la verra pas venir. Pas le choix, c’est le seul accès au rivage. Mais nul ne l’atteint jamais. Tout le monde l’a su et le sait, pourtant on continue. C’est quoi, aucun indice, comme le triangle ds Bermudes et ces histoires de diable. On en trouverait des trésors au fond. Mais même les chasseurs aguerris ne s’y risqueraient pas. Mon Capitaine, on va pas par là. Vous discutez les ordres matelot. Je suis jeune mon Capitaine. La belle affaire. On a sondé l’endroit avec tous les joujoux technologiques dernier cri, on ne comprend toujours pas. C’est la porte de l’enfer, la tanière des damnés, la rançon du péché, enfin tout y passe. On a même vu des chercheurs renommés rejoindre un monastère. Monsieur le Maire, le Conseiller, le Ministre, le Président, Seigneur, on fai