Connaissance.
Bonjour ! Excusez-moi, je manque à mes devoirs. Mais trop de solitude, de soupirs, d’égarements, m’ont fait haïr le temps, et les autres, et moi-même. Je m’excuse encore. D’ailleurs, je ne fais que cela, m’excuser d’être ici ou ailleurs au lieu d’être là-bas.
Craindre les jalousies, jouer de modestie, feindre l’humilité pour ne pas blesser l’autre.
Certains sont reposés, nonchalants. Sans effort ils déploient leur aura, astre éblouissant. Ceux-là ne s’excusent jamais.
Les mains dans les poches face aux mains qui se crispent, des gestes mesurés contre ces gesticulations maladroites, les mots qui font mouche contre ceux qui s’éparpillent, qui font moche.
- Il n’y a pas d’offense. Moi j’ai les poches trop pleines pour y mettre les mains.
Je n’ai pas encore atteint la sagesse suprême où les poches sont vides et où l’on se sent bien. Je ne crois pas non plus que ceux que vous décrivez, vous enviez semble-t’il, aient les mots justes pour décrisper les mains, ne plus s’excuser d’exister en sorte.
- Alors, que faut-il faire, s’abîmer dans les rêves, pendant que le temps passe ?
Les élus contemplent peut-être aussi, en secret, ce point sublime qu’ils ne pourront
atteindre.
- Se dire que la vallée n’est pas si méprisable, qu’une fois au sommet on peut être déçu, que tout point de départ mérite sa course. La performance est-elle vraiment le but ultime ?
Et puis s’intéresser à l’autre, sans convoitise, avec clairvoyance. Et puis finir par
comprendre et s’aimer soi-même.
Tout est bon pour se sentir fier. Ni petit, ni grand, à sa place.
La course a ses étapes, elle n’est pas linéaire, même pour ceux que décrivez, haïssez peut-être. Folle, éperdue, énigmatique, misérable, glorieuse, méritoire ou parfois mesquine et que sais-je encore.
- Mieux vaut ne rien dire, ne rien faire, se laisser emporter, pauvres souches que nous sommes. Peu importe la course, sa durée, son ampleur, les cris, les rires, les pleurs.
L’euphorie est passagère et le tourment s’étiole. La lassitude s’incruste. A quoi bon courir ?
- Les poches ne sont que métaphores. Les remplit-on au hasard ou avec méthode ? Il faut bien de temps en temps faire des choix et les vider de ce qui encombre. Au diable les poches, cet arrière-goût d’universel qui vous poursuit, voilà le vrai trésor.
Peut-on sceller le sort à quelques millimètres prêt, se moucher entre les comètes, rêver sa vie, vous l’avez dit.
Vous savez j’ai vécu par hasard, je vis encore et j’en suis bienheureux.
Pourquoi parler au passé, tout composé qu’il soit. Qui n’a pas à tout âge regardé derrière soi. Il faudrait inventer le passé décomposé. On le ré-écrit selon ses humeurs du moment. On exhume les souvenirs que l’on souhaite exhumer. Le passé, comme le présent, est toujours en mouvement.
Le futur antérieur me séduit tout autant :
Elle aura oublié, il aura su se taire
Il aura oublié, elle aura su prétendre,
Auront-ils pardonné ?
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