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Affichage des articles du juin, 2022

Qui suis-je?

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  Je suis ce que j’ai été, enfin c’est un raccourci facile, je vois d’ici les moqueurs professionnels brandir les armes, chacun s’occupe comme il peut. Certains hésitent et me comprennent peut-être. A ce jeu, on peut tous être gagnant ou perdant, c’est selon. « Holisme » encore et toujours : le tout est supérieur à la somme des parties. On pourrait aussi considérer que les parties s’annulent au fil du temps. Pour se rassurer, traçons une ligne droite pour y poser quelques repères. C’est bien le summum de l’abstraction, la vie n’est faite que de courbes, sans oublier les chausse-trappes, précipices et autres impasses et retours en arrière. Bon, mais il faut bien garder le moral. Je sais au moins que je ne suis pas ce que j’ai rêvé d’être, que le premier etc... me jette la pierre. Sauf les menteurs ou les miraculés. Ces rêves sont des milliers de malles dans un grenier poussiéreux, on peut bien les ouvrir au hasard les jours où tout est gris. Ce lâche, ce héros, la fleur aux dents ou la

Les temps changent.

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  Pas de contraintes on est entre nous, les gueux de service ont été évincés, le monde nous appartient et je gage que vous n’en doutez pas. Nous sommes ici réunis pour réaffirmer une évidence, seule l’élite vaincra ! La race humaine est ainsi faite qu’elle préfère la soumission paresseuse à la liberté aléatoire. Des verreries sans valeur aucune offertes aux peuples primitifs, pourriez-vous me prouver que les temps ont changé depuis ? Je déclare ici, dans cette chambre éclairée, que rien n’a changé ! Peu importe le progrès supposé, on peut ici et là placarder des thèses et faire feu de tout bois. L’histoire n’est que batailles, massacres et exécutions, avec ici et là quelques œuvres d’art, utopies ou inventions. Aujourd’hui, comme hier, le combat continue. La nature nous apprend que la loi du plus fort, pour citer je ne sais plus qui, reste la règle. C’est pourquoi j’en appelle au combat perpétuel c’est le sens de l’histoire, et je défie quiconque, dans cet hémicycle, de me prouver le c
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  - Alors Monsieur, on fait comment ? - Classe et pas dégarni sur les côtés. - Bon, on va faire avec ce qu’on a. - C’est combien le shampoing ? - Euh, pourquoi cette question ? - J’aime autant manier les ciseaux tout seul sans être contrarié. - Monsieur, je m’excuse si je vous ai froissé. - Pas de mal, j’ai l’habitude, ma vie s’est arrêtée il y a trente ans, calvitie galopante. - Vous êtes encore bel homme. - Ne vous fatiguez pas, je ne ferai pas d’esclandre et vous n’y êtes pour rien. - C’est gentil à vous. - Je laisse frisé ou je tonds l’ensemble ? - Peu m’importe à vrai dire. - Vous n’êtes pas un client facile. - Allons bon, et pourquoi donc ? - Eh bien j’aimerais que vous soyez satisfait mas ça n’en prend pas le chemin. - Comment vous dire … le culte de l’apparence et tout ça, ado j’étais blond vénitien et je ne parlerai pas ici des avantages. - Je n’en doute pas un instant, permettez en attendant que je fasse mon travail. - Faites, je suis sûr que vous vous en sortirez bien. - Mer

Marché de dupes.

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  C’est du cuir ou de l’or, pas de petite monnaie, de la soie, de l’ambre, du jade ou du diamant. Tâtez-moi ces rubis, ce saphire, des pièces uniques, des perles millénaires, des colliers de merveilles, des parures royales. - Eh le boutiquier, combien pour ces babioles ? - Messire, vous vous méprenez. - Allons donc, je n’en donnerais pas deux deniers. - A ce prix allez donc acheter un poulet à la broche ! - Savez-vous à qui vous parlez ? - En affaire Messire, seule la bourse déliée porte l’argument. - Manant, il pourrait t’en cuire. - Regardez plutôt cette broche Messire. - J’en vois une plus longue qui siérait à ton acabit. - Messire, à chacun son métier, si vous me parlez d’or avec bourses bien pleines, je serai votre obligé. - Si tu possédais le trésor que tu dis, ta roulotte serait moins misérable. - Pour rester riche, mieux vaut paraître modeste. - Et ces bouts de bois pourris ? - Des morceaux de la croix Monseigneur. - Aussi vrai que tu es Pape, et moi le Saint Esprit. Ne vas-tu

N'est-ce pas l'amour?

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  N’est-ce pas l’amour, et l’amour seul, qui nous a transportés, contre vents et marées. Pieds nus, bien ou mal coiffés. Sur les marches d’un château, dans le foin ou à l’ombre d’un buisson. Muse défaite, resplendissante de candeur et de simplicité. Au hasard d’une rivière ou d’un sous-bois. Au bord d’un lac, en bord de mer. Ce baiser d’éternité, ces cascades de rires. Pas de serpent, ni dans l’arbre, ni dans l’eau. La passion s’invite, sans être annoncée. Un bain de chèvrefeuilles peuplé de bourdons inoffensifs. Une grotte aménagée façon Versailles, des serments légers et faciles. Un bonheur sans lendemain et pourtant immortel. La passion éphémère, brûlante et glacée.

Urgence.

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  Des cris dans la nuit, dans la rue, en bas de son immeuble, ou plus loin. Des cris de désespoir, d ‘angoisse, de terreur. C’est cet(te) autre qui crie, et que pourrais-je y faire ? Les bons citoyens appellent la police. - Et quel est votre nom, et où habitez-vous ? - Monsieur, enfin quelque soit votre grade, là n’est pas le sujet ! - Nous avons des urgences en permanence, je vous prie de ne pas encombrer la ligne. - Eh Monsieur je ne sais quoi, dois-je me taire ? N’importe qui peut reconnaître la détresse. - Désolé, d’autres appels urgents, merci de nous rappeler si les choses se précisent. Les cris se font plus lents et douloureux. - Allô, il y a urgence. - Oui Monsieur, je vous écoute. - J’ai déjà appelé. - C’est un centre d’appel, désolé, pourriez-vous me donner votre nom et vos coordonnées ? - Enfin bordel, il y a urgence ! La victime a été retrouvée le lendemain, gisant sur le trottoir. La Police a questionné les riverains. - Monsieur, avez-vous vu quelque chose ? - Pouvez-vous

Une vie d'artiste.

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 Choisir de créer sa vie et se croire au dessus des contingences, plus dure sera la chute. La vie comme une toile vierge n’existe pas, outre les palettes ou autres canons imposés, l’aspiration à être, à devenir, un marginal se paie au fil du temps. Ni terrien, ni prolétaire, ni érudit, ni même apte à supporter quelque hiérarchie que ce soit. Absence de causes ou parti pris qui vous éloigne de toute meute. Absence de toute compromission qui fait le lien social. N’être aliéné à rien, déraciné à jamais par l’illusion, un risque de n’être rien. Ne pas se compromettre, ne pas s’attarder, voir sa planète se dépeupler. Creuser des sillons tordus pour se faire remarquer ou par conviction. Autour de soi, les fossés se creusent aussi et deviennent tranchées. Étrange, bizarre, pas d’étiquette, pas de case. - « Vous avez bien une opinion ? » - « Je m’en garderais bien ». Les sillons creusés ne mènent qu’à la solitude absolue, et tous les ennuis qui vont avec. Et la folie guette, attend son heure.