Noël c'est plus ça!
Ma grande sœur m’amenait toujours dans des lieux dont je garde encore aujourd’hui des images et des sensations. Une fois, j’étais allé au cinéma pour la première fois, les personnages étaient gigantesques à l’écran, j’avais l’impression d’être dans un autre monde.
Je suivais vaguement l’histoire, mais je trouvais les visages en gros plan et les décors effrayants. Là c’était Gulliver chez les géants.
La salle de théâtre avec un lustre gigantesque et plusieurs étages de loges ultra chics et pleines de lumières. Les spectateurs étaient tous en costumes d’apparat, entre nœuds papillons, gilets brodés comme dans les péplums, fourrures et bijoux.
En voyant le rideau immense et la scène, j’ai pensé à mon petit théâtre de marionnettes. On est peu de choses. Mais je n’allais pas me laisser abattre, je l’avais fait tout seul, avec les moyens du bord.
Tout en haut, j’ai été tétanisé par la vue panoramique sur cette boite à musique pour géants.
Je reviens sur toutes les messes de minuit. Jusqu’à ce que les fêtes de famille s’étiolent.
Un peu comme l’Europe, à un moment, les projets à 27 (26 maintenant) deviennent des impasses car chaque pays à son histoire et ses alliances. On doit se résoudre à s’unir entre quelques états pour que certains projets aboutissent.
Dans les familles, c’est un peu pareil, surtout quand le nombre de membres s’élargit.
Ces derniers, on les appellent les rapportés.
Bon, Noël est devenu au fil des ans une affaire d’alliances stratégiques. Il faut bien vivre dans le réel. On en revient à la realpolitik.
Aux temps bénis des fêtes de Noël originelles, la messe de minuit c’était un peu le passage obligé mais qui nous faisait d’autant plus apprécier la suite. Un peu comme les vacances que l’on attendait comme des eldorados après des mois d’école.
Le clan occupait presque 2 rangées de bancs. On était pas très attentifs et on attendait tous, avec beaucoup de fous rires retenus et de commentaires pas vraiment dignes de l’événement, le signal de la libération : les cloches et l’hymne qu’il n’aurait pas fallu remplacer, le curé devait le savoir, « Il est né le divin enfant ... » .
Sur le parvis glacé, on trépignait déjà, mais le froid n’en était pas la cause.
On arrivait enfin dans la maison chauffée, la table décorée, les guirlandes, les boules, le sapin et la crèche. Qui dit que le bonheur n’existe pas, comme à d’autres endroits, comme la piscine que la marée remplissait, le bonheur était pour nous un éternel recommencement.
Beaucoup plus tard, on comprenait que l’éternel était un leurre.
Et si tout se mélange, ce n’est pas par maladresse, les souvenirs se moquent de la méthode.
Les images et les sensations ne sont pas un montage diapos.
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