Les saltimbanques.

 

Les saltimbanques me font parfois de la peine, entre bouts de ficelle, carton, crépon et autres matériaux de colonie de vacances.

Intermittents du spectacle, et de la vie, des tréteaux sur les trottoirs comme les bateleurs d’antan.

A trop exagérer, il font parfois peur aux enfants, et divertissent un peu les badauds, avec leur maquillage au couteau, la gouaille qui ne vaut pas celle des marchés, les pirouettes convenues et surannées, comme si la comedia del arte de pacotille pouvait encore captiver.

Ils se réchauffent comme ils peuvent, leurs costumes, pourtant pouilleux, cachent un peu la misère.

Certains ne voient plus la famille, à force d’entendre : « bon, maintenant faut te trouver un vrai métier ».

Il en est de même pour tous les artistes qui ne veulent vivre que de leur passion, l’exemple de Van Gogh est pourtant connu de tous.

L‘art, ou le divertissement, trop souvent confondus, ne paient pas le loyer, sauf pour les Dieux de l’Olympe, des mauvaises langues, comme moi, diraient qu’ils ont plus de relations que de talent.

Trouver un boulot, même ennuyeux, ne nuit pas à l’inspiration, cela permet au contraire de se débarrasser des contingences.

Les artistes ont cette chance de faire de leur vie une œuvre d’art, se compromettre un peu n’est pas un défaut.

C’est sur cette base solide qu’ils peuvent viser plus haut, plutôt que d’attendre l’obole, le ventre vide et le froid qui les cingle.

Dans les festivals « off », on les croise. Leur énergie pourrait être contagieuse, mais, j’accepte que certains ne le voient pas ainsi, on ne peut s’empêcher de ressentir un certain malaise.

Ils vivent où, et de quoi ?

- Mon fils, je t’avais bien dit que tout cela ne te mènerait nulle part. Tu t’es bien amusé, et je respecte ton choix, mais tu as 35 ans à présent, etc. …

Pour certains d’entre eux, le monde se résume au climat des années 60. Ils n’étaient pas nés alors, et le regrettent sans doute, mais l’eau a coulé sous les ponts depuis.

Ils faudrait recenser les communautés « peace and love » qui marchent en ce XXIème Siècle, pas pire que les précédents mais différent c’est sûr.

L’ère du portable (depuis un certain temps déjà), du vélo ou de la trottinette électrique, maintenant du retour des boites à savon, de la réalité virtuelle, bien loin de la scène de théâtre, et des pires, ou des meilleurs, chacun a le droit d’avoir son opinion.

Saltimbanques du monde entier, vous aurez beau faire une chaîne en vous donnant la main, comme tout le monde, vous devez vivre avec votre époque.

Devenez influenceurs, créateurs de jeux vidéos, conseillers artistiques, ou que sais-je …

Tout le monde n’a pas la chance d’entrer au Conservatoire ou au Théâtre du Soleil, les auditions, c’est l’abattoir.

Vous pourriez avoir plus de talent que Soulages, et je me garderais bien de faire un commentaire, je n’ai pas trop envie d’être traité de plouc inculte. Mais vous n’êtes pas Soulages.

Si vous avez des complexes et trouvez cela injuste, allez donc à la FIAC, vous retrouverez immédiatement la confiance en vous, et un moyen de subsistance vous permettant de vous imposer en dehors de ces merdes sponsorisés.

J’avais un ami tailleur de pierre, mort très jeune pour avoir crevé la faim enfant.

Il était sur tous les chantiers illustres et de patrimoine.

Pas un artiste dit-on, mais un artisan.

Mais le patrimoine est bradé aux promoteurs.

Consultez les magazines d’art (pas donnés), on n’y parle que d’enchères et d’argent. 

Les mécènes d’autrefois n’existent plus, non pas parce qu’ils étaient plus intelligents ou humanistes, mais parce que l’art était une arme politique.

«  Vous chantiez, j’en suis fort aise, ... ».

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