Le petit banc.

 


Un p’tit banc au soleil, un p’tit bain d’soleil. Protégé par une forteresse de roses et de mimosas. Qui ose prétendre que tout cela n’existe pas ? Une combinaison hasardeuse d’atomes ? C’est une insulte à la beauté. Ce petit banc est solide et les fleurs resplendissent. Si je touche le banc ou les pétales, je sens bien que tout est tangible. Si cette conne de guêpe me pique, la démonstration sera encore plus plausible.

En attendant, je me meus lentement comme les vaches, oui il fallait bien la sortir celle-là. Quand on est dans son jardin en plein été, on a le droit d’être léger. Et c’est même un devoir, n’en déplaise aux prétentieux qui s’imaginent que le monde ne tournerait pas rond sans eux. J’ai ajouté un petit coussin pour mes petites fesses. Vous avez noté ? Déformation par les médias populaires, pardon pour le pléonasme, quand les gens parlent de petits bonheur, il mettent partout le mot « petit » . Vous m’accorderez quand même que je n’ai pas ajouté, « c’est juste magique », ou « que du bonheur » . Je ne suis pas encore atteint à ce point là.

Les bourdons sont tout près, mais j’ai confiance, ils mènent leur vie de bourdons et me laissent tranquille.

Je regarde la table avec les petits carreaux bleutés, il y a toutes les teintes, elle va très bien dans le décor. L’humanité n’a pas fait que des conneries. A la saison prochaine elle sera toujours là, les fleurs seront toujours aussi belles mais ce ne seront pas les mêmes. On pourrait en dire autant à notre sujet. Même si la comparaison avec les fleurs est un peu osée. Toute cette végétation ne nuit à personne, elle s’offre à la vue et aux insectes, entre autres.

Parfois je me dis que ce petit banc et cette table séculaire valent tous les voyages. Mais faut pas le répéter, c’est pas « tendance » . Je risque pas d’épater la galerie en les prenant en photos, d’ailleurs ça tombe bien, c’est comme avec les bourdons, la galerie peut bien vivre sa vie, plus on est de fous, plus on en bave.

J’aurais pu me faire ermite, mais pas question de vivre dans une cave sans feu et sans confort. La cilice, c’est pas mon truc non plus. Pas la peine de s’infliger des souffrances, la vie s’en charge, et on est rarement déçu par le programme.

Je vais mettre une petite laine sur mes petits genoux car il commence à faire frisquet.

Vous avez vu comme je souffre !

Les vacances sont le contraire du boulot. C’est très con ce que j’viens de dire mais c’est un bon résumé. Les roses, les mimosas, et toutes ces fleurs dont j’ai oublié le nom, ne sont pas avides de ragots ou de coups bas. Ne parlons pas des petits chefs ou des collègues oisifs et oiseux dont le planning consiste à vous pourrir la vie.

Moi je m’accroche à ce petit banc et à cette petite table, avec tout le décor autour. Tout le monde s’accroche à quelque chose. C’est plus ou moins spectaculaire ou glorieux, mais ça revient au même.

La guêpe est partie, elle a dû sentir que je l’ignorais complètement, je sais y faire.

Bon, j’vais quand même pas rester là pour l’éternité, je dois pouvoir me dire que mes vacances auront été intéressantes. En fait, tous les ans je prends la même résolution, comme perdre du poids ou arrêter de fumer. 

T’as fait quoi cet été ? Nous on est allés en Chine.

Ben c’est bien.

Rien que de penser à tout ça, ça me fatigue. Tiens la guêpe est revenue, elle est tenace, ça me rappelle quelqu’un.

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