Le poète incompris.

 


Je m’en vais de ce pas reprendre du pastis. 

Comme poète t’es nul, ça rime pas du tout.

M’en fout, si le pastis est bon !

Eh ben, on t’appellera pas Giono ou Pagnol.

C’est qui ces mecs, j’m’en tape.

Les cigales ronronnent et les crapauds coassent.

Putain tu mélanges tout, faudrait reprendre les bases.

Tu m’fais chier, le poète fait ce qu’il veut.

Les ombres s’allongent et nous bouffent les doigts de pieds.

Eh ben, tu risques pas d’entrer dans la Pléiade.

La quoi ?

Laisse tomber.

Pour qui qu’il s’prend ?

Rendors-toi, il s’exprime.

C’est qui celui-là ?

Un copain, j’t’expliquerai.

Moi je suis bien au pays du confit d’oie et du magret.

Ouais, ben ça vaut pas un kopeck ta littérature.

Demain on ira castrer les maïs,mais demain c’est demain.

T’es pas près d’gagner le Goncourt.

Tu vas m’faire chier longtemps ? T’es jaloux c’est ça ?

Et de quoi ?

Quand les mégères s’affairent, les hommes se prélassent.

Ça vaut pas un clou ton truc. 

T’y connais rien, pourquoi tu m’emmerdes ?

Moi j’dis ça pour toi, tu devrais penser à trouver un vrai boulot.

Insulter un poète porte malheur.

Oh là, j’ai peur.

Tu peux bien te moquer, je sais ce que je vaux.

Et t’as demandé aux autres ce que tu vaux ?

C‘est qui les autres ?

Ben, moi, pour commencer, et , tu sais bien, tous ceux qu’on connaît.

Rien à foutre.

C’est bien pratique ton truc, mais c’est la politique de l’autruche

La quoi ?

Aphrodite se pâme dans les roseaux

Ben y a pas d’quoi s’pâmer. Tu devrais, j’sais pas, te mettre au bricolage ou jardiner.

Lucifer s’enferre, mais ses soldats n’en peuvent plus.

Germain, tu peux lui demander de la fermer, c’est l’heure de la sieste.

Quel trou du cul celui-là, il pense qu’à dormir.

C’est pas un trou du cul, c’est un paysan et un vrai, la sieste il la mérite.

Les mages du monde entier ont rejoint les étoiles.

Oui ben moi j’vais m’coucher.

Encore deux trois vers et j’vais en faire autant.

Alors bonne nuit le poète.

Me voilà seul, ils sont tous endormis, je m’en vais de ce pas dénicher l’Armagnac, ça devrait être facile.

La colombe s’enivre des chants de l’aurore.

La ferme !!!

Les lapins sautillent au petit matin.

Bordel de merde !!!

Les champignons exultent quand la mousse est humide.

Putain c’est n’importe quoi !

Les rivières découchent pour se prostituer dans les champs.

Fernand tu lui dis d’fermer sa gueule !

Les loutres et les ragondins se sont liguées pour la circonstance.

Silence !

Encore deux trois flocons pour effacer le sang.

J’m’en va l’saigner l’pourceau s’il l’ouvre encore !

Ah voilà l’Armagnac ! Le nectar infernal qui brûle à l’intérieur.

T’as qu’à en boire un litre, on pourra p’t’être dormir.

J’entends les voix mauvaises mais ne les écoute point.

Ah quel délice, le feu jusqu’au tréfonds.

L’enfer n’est que jouissance, n’en déplaise aux puristes.

J’m’en va te l’embrocher le poète à la noix.

Encore des voix ? Je n’en ai cure. Princesse je suis prêt et je céderai à tous tes caprices.

Mais c’est déjà le soir, le temps passe trop vite.



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