Permettez que je vous accompagne.
Je ne permets pas, je connais le chemin.
Vous avez bien de la chance. Moi, la plupart du temps, je suis perdu.
Vous me paraissez bien grand pour vous perdre. Auriez-vous encore besoin de votre maman ?
Moquez-vous donc, ce n’était qu’une image.
Me voilà rassurée. Maintenant laissez-moi.
Il se trouve que je m’en vais de ce côté,mais je peux bien changer de trottoir si ma présence vous pèse.
Je n’ai pas encore tranché à vrai dire.
Ah bon, vous tranchez ?
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas orgueilleuse. Du temps où j’avais besoin de ma propre mère, on m’a appris à me méfier des inconnus. Il en est resté quelque chose.
Et ce sont là de sages paroles, une femme aussi séduisante que vous doit apprendre à se méfier.
Il me prend l’envie de vous demander de changer de trottoir.
Je vais le faire, si vous l’exigez. Mais je serai perdu de l’autre côté.
Vous me semblez, comment dirais-je, quelque peu tourmenté. Êtes-vous perdu à ce point ? Je crains hélas ne pas pouvoir faire grand-chose. Vous pourriez peut-être revoir votre mère.
Ma mère n’est plus, c’est sans doute la cause première de mon trouble.
Et vous comptez sur moi pour la remplacer ?
Vous êtes bien trop jeune, mais je vous remercie d’y avoir pensé.
Je n’y ai pas pensé du tout. Seriez-vous niais en plus ?
Si vous le croyez, je ne prendrai pas la peine de vous contredire.
Vous allez de ce côté, et vous habitez où ?
Quelque part de ce côté.
Bon, tout ça n’est pas clair.
Dois-je vous donner mon adresse ? Après tout, je ne vous connais pas.
Vous avez bien raison, je pourrais vous agresser, vous faire souffrir qui sait.
Vous continuez à vous moquer de moi. Mais j’en ai l’habitude.
Il ne vous prend jamais l’envie de vous rebeller ?
Pourquoi ? Contre qui ? Contre quoi ?
Laissez tomber. Là je tourne à droite.
Moi aussi.
C’est un drôle de hasard, vous ne trouvez pas ?
Ne dit-on pas que le hasard fait bien les choses.
Oui enfin, surtout celles qui vous arrangent.
Seriez-vous lasse de ma compagnie ?
J’ai pas encore tranché.
Permettez-moi de ne faire aucun commentaire.
Et vous faites quoi dans la vie ?
Ça dépend.
Non, je veux dire comme métier.
Ça dépend.
C’est agaçant à la fin, je vous pose des questions simples.
Certes, mais les réponses peuvent être compliquées.
C’est pour vous donner un genre, c’est ça ?
Bon, disons que je vivote au gré des petits boulots.
Vous n’avez aucun plan de carrière ?
Pas encore pour tout dire.
Voilà, moi je suis arrivée.
Déjà ?
Je vous invite à boire un verre ? - Volontiers.
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